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LIGNUM CRUCIS LIÉBANA

Nous tenons à commencer cette nouvelle année 2023 en rappelant que l’Année Jubilaire Lebaniego commencera le 16 avril en Cantabrie.

Ce sera la 74e et c’est pour cela que nous allons dédier ce post à la raison de tout ceci. Voulez-vous la savoir ? Nous allons donc vous raconter l’histoire du « Lignum Crucis ».

Pour bien comprendre à quoi nous faisons référence, il faut d’abord expliquer en quoi consiste le Lignum Crucis. Dans la chrétienté, ce nom désigne le « bois sacré » ou « bois de la croix » sur laquelle Jésus Christ est mort , et de ce fait, tout fragment issu de la dite Vraie Croix que Sainte-Hélène découvrit entre 325 et 327 au Golgotha de Jérusalem.

On trouve un fragment de cette croix dans le monastère de Santo Toribio de Liébana, étant précisément le plus grand des fragments existants. Mais comment un morceau de la Vraie Croix est-il arrivé à Liébana ? Pour tout comprendre, il faut remonter au IVe siècle. Et plus précisément vers 327, lorsque Sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin Ier, dit le Grand (l’empereur romain qui déclara la liberté de culte), décida de voyager en Terre Sainte pour aller à la recherche de la Sainte Croix sur laquelle Jésus Christ est mort.

Il existe plusieurs versions sur la découverte de la Sainte Croix après de nombreuses excavations dans le Mont du Calvaire. Certains anciens écrivains comme Saint Chrysostome et Saint Ambroise parlaient de la découverte de trois croix dans ce mont. Comme on ne savait pas laquelle des trois était celle de Jésus, on emmena une femme mourante au Mont du Calvaire, sa santé s’étant fortement dégradée après avoir touché deux des croix. Mais en touchant la troisième croix, elle se rétablit de façon instantanée.

Sainte Hélène fit découper la croix en trois morceaux : le premier resta à Jérusalem, le deuxième partit vers Rome et le troisième vers Constantinople. De plus, un temple gigantesque fut construit au même endroit où la croix fut découverte : la célèbre Basilique du Saint-Sépulcre, dans laquelle la relique destinée à Jérusalem fut conservée.

Bien plus tard, au Ve siècle et après avoir vendu ses biens, un prêtre appelé Thuribe d’Astorga s’installa à Jérusalem et fut nommé sacristain de l’Église du Saint Sépulcre (que Sainte Hélène fit construire jadis). C’est à ce moment que commence le pèlerinage du Lignum Crucis vers Liébana.

Saint Thuribe d’Astorga fut legardien des reliques de Jésus Christ durant tout son séjour à Jérusalem et, avec l’autorisation du Pape, il décida d’emmener un fragment de la Vraie Croix à Astorga, où il fut Évêque plus tard. Le Lignum Crucis y fut conservé jusqu’à sa mort.

Par la suite, cette relique fut transportée à Liébana par des chrétiens qui fuyaient l’invasion musulmane au nord de la péninsule ibérique. Dans cette fuite, ils emmenèrent aussi les dépouilles de Saint Thuribe d’Astorga.

Le Lignum Crucis arriva au Monastère de Santo Toribio de Liébana au VIIIe siècle, durant le règne d’Alphonse Ier des Asturies, fils du duc de Cantabrie. La relique resta en Cantabrie jusqu’au Moyen Âge, où l’on avait pour coutume d’offrir un fragment d’une relique en échange de certaines faveurs, raison pour laquelle le bras gauche de la Croix commençait à réduire de taille. 

Par frayeur de perdre la relique, les moines bénédictins qui habitaient le Monastère la scièrent lui donnant une forme de croix (incrustée dans un reliquaire en argent doré aux extrémités en fleur de lys, de tradition gothique) puis l’introduisirent dans une enceinte fermée et scellée pour que personne ne puisse y avoir accès. Les dimensions du bois sacré étaient alors les suivantes : 635 mm pour le bras vertical et 393 mm pour l’horizontal, d’une épaisseur de 38 mm. D’après ces mesures, ce serait la plus grande relique conservée de la Croix du Christ, plus que celle conservée à Saint-Pierre du Vatican. C’est le Lignum Crucis que l’on connait et que l’on vénère actuellement à Santo Toribio de Liébana (Cantabrie).

Et comment sait-on scientifiquement que ce morceau de bois correspond vraiment à la Croix sur laquelle Jésus Christ est mort ? Une analyse scientifique menée par l’Institut forestier pour la recherche et les expériences de Madrid a permis d’établir que ce bois provient d’une espèce d’arbre de la Palestine et qu’il date de l’époque de Jésus Christ. Cetteanalyse a également permis de savoir que l’espèce botanique du bois duLignum Crucis correspond au Cupressus Sempervivens L, une variété de cyprès local de la Palestine, d’une ancienneté de plus de 2000 ans. L’ADN de cette relique a permis également d’authentifier la provenance des autres fragments conservés.

Comme le faisaient les premiers pèlerins, la visite du Lignum Crucis au Monastère de Santo Toribio est un incontournable. Au Moyen Âge, il était inconcevable d’aller en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle sans aller voir Santo Toribio, sans passer par Liébana. C’était un lieu de pèlerinage en soi, avec une identité unique, qui lui devait les pouvoirs de guérison et miraculeux attribués aux dépouilles du Saint d’Astorga (qui est vénéré sous le nom de Saint-Thuribe) et à la Relique même.

Certains de ces pèlerins finissaient leur chemin ici, alors que d’autres continuaient jusqu’à Saint-Jacques. Il y avait plusieurs routes de liaison entre Liébana et Saint-Jacques, chacune différente, chacune avec sa propre identité. Que ce soit à travers les Pics d’Europe, ou bien en empruntant le Chemin du Nord ou sur la Route Vadiniense, tous les chemins menaient à Saint-Jacques, non sans passer par Santo Toribio de Liébana.

Le 23 septembre 1512, le Pape Jules II accorda au Monastère de Santo Toribio de Liébana le privilège de célébrer sa propre Année Jubilaire, reconnaissant ainsi l’importance de cette relique. Ceci fit du Monastère l’un des cinq lieux saints de la chrétienté (outre Rome, Jérusalem, Saint-Jacques de Compostelle et Caravaca de la Cruz), avec la possibilité de célébrer une Année Sainte Jubilaire chaque fois que le jour de Saint Thuribe  tombe un dimanche, pour ce même jour et les sept suivants (seulement huit jours au total pour cette année particulière). Mais en 1967, cela a changé et à présent, au lieu de 8 jours, le Jubilé peut durer toute l’année.

Le 16 avril 2023, la Porte du Pardon s’ouvrira à nouveau ; ce sera le moment parfait pour voir le Lignum Crucis, sujet central de ce post. Faire le Chemin Lebaniego en parcourant ses 3 étapes et ses 72 kilomètres de San Vicente de la Barquera à Santo Toribio de Liébana est l’un des plans à ne pas manquer en 2023.

Pour obtenir la « grâce jubilaire » une fois que la Porte du Pardon sera ouverte (indulgence plénière), c’est-à-dire, pour obtenir le pardon pour tous les péchés commis, il faut : prier, confesser et aller à la Messe du Pèlerin qui se tient tous les jours à midi au Monastère de Santo Toribio tout au long de l’Année Jubilaire Lebaniego.

On se donne rendez-vous à Liébana ? La Cantabrie, bien plus à découvrir.

25/02/2023